Ces vues ont été faites à la demande de Kashya Hildebrand, qui venait d'ouvrir sa galerie à Genève. De l'eau a coulé sous les ponts depuis...
Un des souvenirs les plus forts de cette exposition reste le moment où tout le système d'éclairage (accroché au plafond) s'est effondré, alors que je réglais sur une échelle le dernier spot. Ceci dit, cette série de 99 vues, dont vous trouverez un extrait ci-dessous, sont constituées de photographies peintes. Qui, une fois peintes, sont rephotographiées, de façon à ne laisser voir de la peinture que sa reproduction, tentative de figurer le destin actuel de la peinture, plus souvent découverte sur des magazines ou des écrans qu'en pâte et en toile.
Cette mise à distance technique s'inscrit dans une réflexion plus globale sur le simulacre, qui sera approfondi un peu plus tard par l'inspecteur Wims au cours de son enquête sur les animaux empaillés. Le sujet des ponts se veut lui clairement bateau et, s'il pourrait faire penser à un intérêt pour la nature et l'urbanisme, il est surtout là pour renvoyer à la question des clichés, qui ont cette terrible capacité de transformer les paysages touristiques en simulacre dévitalisé.
Le pari de réveiller des poncifs au symbolisme mou (cf la profusion de faux ponts sur les billets européens, censés symboliser les liens entre les différentes nations) parle de la nécessité et de l'impossibilité (comme dirait Duras) de réenchanter le monde à intervalles réguliers.
