A l'occasion de cette opération C-site, j'avais édité une carte routière censée aider le public à trouver son chemin dans le monde hermétique de l'art contemporain. J'avais aussi lancé une campagne de souscription destinée aux entreprises désirant s'associer à un marketing ciblé et porteur: ancien abattoir devenu centre d'art, poème paléolithique, bucrânes, carte sans route...
Oserais-je le dire ? Ce fut une déroute.
Poème des rennes.
Il était une fois une dizaine de rennes capturés en hiver; leur souffle vapeur leur masqua la masse de bois qui s'abattit sur le mont de leur crâne.
L'estomac rempli, ils furent plongés dans l'eau calme du lac. Les dieux irascibles seraient bienveillants et d'autres rennes donneraient leur manteau aux familles des chasseurs.
Mais les ruminants sacrifiés, exclus du repos éternel, envahirent de leurs brâmes étouffés le réseau des veines de la terre.
Plus tard, ailleurs, un îlot se vit doter d'un abattoir, industrie à tuer et à nourrir.
Le sang des bêtes immolées alla rejoindre les ondes du Rhône, mêlant ainsi aux esprits aquatiques des rennes anciens ceux des boeufs modernes.